Le temps en suspens
Ce matin, comme un peu tous les matins depuis dimanche dernier, je suis restée longtemps les yeux ouverts avant de poser l'pied par terre. Cinq biscottes avalées plus tard, je m'suis refaufilée sous la couette pour me plonger dans "les yeux jaunes des crocodiles", le bouquin dans une main, les p'tites bosses sur mon ventre rond dans le creux de l'autre : un p'tit lutin bien en forme ce matin! et puis j'ai fini par émerger de peur que les promeneurs du dimanche ne dépouillent la brocante avant que j'ai eu le temps de farfouiner dans les vieux cartons. Bilan : deux belles assiettes dépareillées et quatre livres - tous pour vous madame tartine :) "Maigre butin mais joli butin tout d'même!" je m'suis dit. Personne à la maison ne m'attendait et puis le déjeuner pouvait bien attendre, alors je suis repartie nonchalamment en trainant des ben's.
Et puis soudain, sur le chemin du retour, des sons liturgiques échappés de la grande porte en bois de l'église m'ont littéralement happée, tel un chant de sirènes, et en moins de temps qu'il n'en faut pour s'accroupir en pleine rue devant un joueur d'harmonica, j'étais là debout devant une foule de gens qui me tournaient le dos devant leur prie-Dieu. J'ai adoré observer la scène et m'imprégner de l'ambiance. J'ai adoré me retrouver là dans cet autre espace-temps.
Mais ce soir je referme la parenthèse. Ce soir je retrouve mes loulous et mon p'tit homme. Ce soir, la vie reprend son cours...